Premier rappel, le fonctionnement du PV. Sans entrer dans le détail physique du phénomène (voir wiki pour cela), un module PV est un panneau qui converti l'énergie lumineuse en énergie électrique (contrairement à un panneau "classique" thermique qui produit de la chaleur véhiculée par un fluide). L'électricité produite est en courant continu et doit être convertie en courant alternatif pour être utilisable par nos appareils habituels en 230 VAC : c'est le rôle de l'onduleur ou du convertisseur.
A ce niveau, on a deux cas de figure :
- soit on est isolé du réseau électrique (ERDF) et dans ce cas on doit recréer un réseau local. On utilisera dans ce cas un convertisseur.
- soit on est relié au réseau électrique (ERDF) et dans ce cas on doit s'ajuster au réseau existant. On utilisera dans ce cas un onduleur.
Il est fondamental de bien comprendre que les deux cas de figure n'ont en commun que l'opération de conversion du courant continu DC en courant continu AC. La manière de mettre à disposition ce courant produit est totalement différente. Dans le premier cas, on crée un réseau local. Dans le deuxième cas, on doit se coupler au réseau existant.
Le deuxième cas est donc beaucoup plus contraignant que le premier. On peut dire que l'onduleur est l'esclave du réseau existant : il doit être parfaitement synchrone avec en respectant des plages de tension et de fréquence et surtout doit s'arrêter si le réseau s'arrête. Il doit également ne pas injecter d’harmonique ni de composante DC. Toutes ces contraintes sont regroupées sous une norme, la norme VDE 0126. La norme VDE 0126 est à la base une norme Allemande (normal, la France ayant des années de retard dans ce domaine) et possède plusieurs déclinaisons suivant les pays et les contraintes du réseau du pays. En France, c'est la VDE 0126-1-1/A1 VFR2014 qui est la norme actuelle.
Pourquoi le respect de cette norme est-elle importante ? A ce niveau, faut que je sorte les gants de boxe

J'entends les commentaires, oui font chier avec leur norme, oui on est de grand garçon (pas beaucoup de fille sur ce forum

On est sur un forum de solaire thermique et les personnes ont l'habitude de bidouiller leur cocote minute. Il existe bien des normes dans le thermique mais ce sont essentiellement des normes de qualité pour le matériel et de sécurité pour la mise en oeuvre (par exemple les soupapes). Que vous fabriquiez un capteur avec des bouteilles de coca et un tuyau d'arrosage le tout branché sur votre cumulus n'aura de conséquence que pour vous. En clair, votre installation est totalement autonome et n'interagit pas avec l'extérieur. Vous faite ce que vous voulez !
Dans le cas du PV et de l'injection réseau, on est en interaction avec l'extérieur. La norme VDE encadre cette interaction, ce n'est donc pas une norme "cosmétique". Elle définie les règles de bonne conduite pour une bonne cohabitation. Il y a une partie concernant la sécurité comme le découplage et une partie sur les paramètres à respecter. Le découplage assure la sécurité des personnes qui travaillent sur le réseau mais aussi votre propre sécurité (imaginez ce qui se passerait si l'onduleur ne s'arrêtait pas alors que vous avez disjoncté votre maison pour réparer un prise). En France ce découplage doit être assuré de deux manières électronique et physique par un relai (c'est le coté ceinture et bretelle de notre pays). Le respect des paramètres (tension, fréquence, ...) assurent que vous n'allez pas perturber le réseau (imaginez ce qui se passerait si chaque onduleur envoyait n'importe quoi sur le réseau).
Cette norme est donc tout sauf inutile. Il est normal que le gestionnaire du réseau (ERDF) qui est en charge de le surveiller, de le maintenir et d'en assurer la qualité soit très pointilleux vis-à-vis du courant qu'on injecte dessus. Etant responsable, il n'a pas envie qu'on salope son courant, cela me paraît tout à fait compréhensible et légitime.
C'est pour cela que toute installation raccordée au réseau (peu importe son statut de vente ou pas et de sa nature) doit faire l'objet d'une convention. Jusqu'à présent, cette convention est gratuite (moyennant le Consuel lorsqu'il y a modification de l'installation) et il suffit de présenter le certificat VDE 0126-1-1/A1 VFR2014 de l'onduleur pour l'obtenir. Il est donc impératif que vous vous assurez que l'onduleur possède ce certificat (et en français !).
Il faut pas être grand clerc pour comprendre ce qui va se passer si tout le monde se met à faire n'importe quoi en bidouillant n'importe quel matériel et à se brancher "sauvagement" sur le réseau. Des mesures restrictives seront prises et tout le monde sera perdant. Et on ne pourra s'en prendre qu'à nous-même car notre "cause" (produire de l'énergie verte localement) sera indéfendable

Si vous devez retenir qu'une seule chose, c'est que cette norme sert à maintenir le réseau (un bien commun) en parfait état.
Si vous devez vous assurer que d'une seule chose, c'est que votre onduleur est conforme à la norme.
En espérant que "l'esprit du forum" et sa "philosophie" comprendront cela .....

Compléments :
- Je ne suis pas "pro-norme". Par exemple, une autre norme dit que le cadre des modules doit être relié à la Terre (équipotentielle), une autre qu'on doit mettre des parafoudres. Que vous le fassiez ou non n'a pas d'importance car les conséquences (qu'ils y en aient ou pas) se limiteront uniquement à votre installation. Perso, je pense d'ailleurs que cela ne sert à rien ...

- Je en suis pas "anti-bidouillage", bien au contraire. Je travaille d'ailleurs sur des bidouillages avec certaines personnes de ce forum

Compléments par rapport aux questions qui suivent :
- ERDF ne s'intéresse qu'à la conformité de l'onduleur. Les questions d'intégration ne concernent que l’obtention d'un tarif d'achat particulier et c'est EDF OA (OA pour Obligation d'Achat) qui est concerné. En autoconsommation, on ne vend pas son courant, on choisi donc la pose la plus pertinente qui est la superposition.
- En cas d'absence du réseau, l'onduleur doit s'arrêter. Bien entendu, s'il y a du Soleil, les modules eux continuent de produire du courant. Si on souhaite pouvoir exploiter cette énergie, on a besoin de matériel complémentaire. On a besoin d'un convertisseur pour recréer un réseau local, d'un parc de batteries pour assurer la continuité de la production (on ne peut pas consommer au fil du Soleil, on a besoin d'un courant 230 VAC stabilisé pour la plupart des appareils électriques). Enfin, on a besoin d'un organe de coupure qui isole le réseau qu'on vient de créer de celui d'ERDF. L'onduleur peut "s'accrocher" à ce réseau local si le convertisseur fourni un courant de bonne qualité (en particulier parfaitement stable en fréquence). Cependant, il ne faut pas oublier qu'on est dans un réseau fermer et qu'on doit donc en permanence équilibrer la production et la consommation. Note qu'on trouve sur le marché des appareils qui font toutes ces fonctions.
- Précision sur la sécurité assuré par le découplage pour les personnes travaillant sur le réseau. Il est bien évident que le personnel d'ERDF est formé pour travailler sur le réseau et à prendre des mesures de sécurité. Lorsqu'il coupe le réseau, il s'attend naturellement à ne plus trouver de tension ce qui ne l'empêche pas de prendre les précautions adéquates comme la mise à la Terre des conducteurs. Si les onduleurs continuaient de fonctionner, cette opération risque fort de les fusiller. Maintenant, une coupure du réseau n'entraine pas forcément une opération immédiate dessus. Imaginons que les onduleurs continuent de produire, n'ayant plus de référence ils vont dériver en fréquence. Lorsque le réseau va revenir, cela risque de poser problème. Une fois de plus, cela montre à quel point le respect de la norme de découplage est important.